Vie et mort d’une cartouche d’imprimante : le visible et l’invisible, les ressources et les déchets

Quand j’ai commencé à me poser des questions sur le bien-fondé de mes pratiques quotidiennes du point de vue de « l’impact », j’ai agi comme un ingénieur humain :

  • Ingénieur car j’ai voulu mettre en chiffres pour être rigoureux.
  • Humain car j’ai rapidement eu tendance à ne pas regarder sous tous les coins du tapis en évitant les terrains trop perturbants.

Laissons cette faiblesse humaine de côté pour l’instant et revenons au côté ingénieur.

Ma première constatation fut faite sur un emballage de cartouche pour imprimante jet d’encre. J’avais été surpris en l’achetant de la taille et de la nature du suremballage : une coque en plastique transparent, du carton présentant des données, puis une autre coque en plastique à l’intérieur de la première puis la cartouche elle-même à l’intérieur de la seconde. Une cartouche parallélépipédique de quelques centimètres de côté qui pesait une trentaine de grammes. Bilan rapide 8 grammes d’encre, 24 grammes de plastique et d’électronique fonctionnels et 250 grammes de suremballage plastique. A la grosse 1% de la masse totale pour l’encre (ce que j’achetais) et 9% pour la pièce fonctionnelle elle-même et 90% pour du suremballage essentiellement plastique.

Bien entendu j’ai trouvé par la suite des cartouches emballées sous carton avec une proportion largement moindre de suremballage. Mais à l’époque j’ai été frappé de cette proportion de la masse du contenant par rapport à celle du contenu au point d’en faire mon critère de première analyse. Ce critère était visible et mesurable, il m’allait bien.

Puis, ces mesures étant faites, j’ai décidé de jeter les emballages de ma cartouche (et l’ancienne par la même occasion) et j’ai donc mis les quelques 300 grammes de plastique correspondant dans ma poubelle (non triée à l’époque) et en refermant le couvercle je me suis dit : « Mais que va devenir ce plastique ? ». Au travers de cette petite réflexion je me suis aperçu qu’il y avait un « après » complètement invisible car occulté par ce merveilleux service de ramassage des poubelles qui soustrait à notre vue nos propres déchets. Dans la foulée une autre question est arrivée : « Mais comment cette cartouche était-elle arrivée dans le rayon du supermarché afin que je l’y trouve ». Il y avait également un « avant » tout aussi invisible que « l’après ». Un début et une fin de vie rendus invisibles par l’existence de « facilités ».

Dès lors il m’est apparu que chaque fois que j’allais étudier un sujet du point de vue de l’impact je me devais de bien envisager ces aspect invisibles « amont » et « aval ». Quelles ressources ont dû être mises en œuvre pour produire l’amont (c’est le sujet des ressources) et qu’est-ce que je génère comme nuisances en aval (c’est le sujet des déchets). Cette vision est certes simplificatrice car extraire des ressources génère des déchets et on peut extraire des ressources des déchets, mais disons que cela permet de commencer à poser le sujet…

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